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L'hiver à GrandMaa... et le printemps !



Chers tous,

Depuis le mois de février, le blog s'est arrêté en même temps que le flux de la vie européenne. Mise en suspens de nos vies, de nos libertés, de nos relations, de notre vie nomade. Je n'ai pas cessé d'écrire pour autant, au contraire. Revient l'envie de publier aujourd'hui, de vous chuchoter à l'oreille combien on s'aime, combien la vie est un présent inestimable et combien notre choix de vie nous comble toujours plus. Pour ce faire, j'ai décidé de vous proposer simplement un florilège de textes avec leur date d'écriture. Ils n'ont pas toujours de rapport entre eux, ils varient en émotions et en ressentis, probablement parce que chacun d'entre nous doit vivre ces variations sentimentales en cette étrange période.


Mardi 21 janvier 2020

Le temps s'est arrêté… Plus de date, plus de jours, plus de semaines. Juste les saisons qui s'expriment, le soleil qui se couche plus tard, le paysage qui change. Le tapis de feuilles qui couvre le sol de la forêt craque sous nos pieds. Le gel a figé chaque tige, chaque brin d'herbe et les stalactites qui pendent à la gouttière semblent éternelles. Un air frais et sec, l'air de la montagne. Un soleil éclatant à qui nous offrons nos frimousses engourdies par le froid. Des promenades où l'on parle peu, où l'on sent nos jambes se réchauffer en grimpant, où l'on sent l'oxygène glacé qui pénètre nos poumons.


Léa se perfectionne dans tout ce qui touche au tissage. Déjà amoureuse des bracelets, déjà capable d'en faire au moins six différents (les nœuds n'ont plus de secrets pour elle), elle s'initie au crochet. Elle tisse bonnet, mitaines, écharpe sous le regard bienveillant de son mentor, Nora. Cette dernière est à la ferme pour quelques semaines, elle fait de la vannerie, c'est son métier. La maison regorge de paniers en tous genres qu'elle a fabriqués avec toutes sortes de bois. On a la chance de l'observer créer, aller chercher ses branches dans la forêt, les tailler, les tremper et puis les tisser. Elle tricote également et on peut parler d'art dans ce domaine-ci aussi. Nora est patiente, passionnée et pas facilement décourageable. Elle enseigne à Léa tout ce qu'elle veut bien apprendre, la guidant, sans jamais faire à sa place. Ensemble, elles ont construit des aiguilles à tricoter en bois, le tissage forme alors un carré qui permet de tricoter des chaussettes ou tout autre tube en laine. Nora partage son savoir, ses conseils, son expérience, sa laine. Pour couronner cette incroyable rencontre, Nora parle un peu français. Elle habite dans une communauté en Belgique la moitié de l'année, nous avons donc déjà pris rendez-vous avec elle pour cet été. Nous voyons depuis notre grande fille perfectionner des savoir-faire et approfondir un domaine avec concentration et passion. Quelle magnifique expérience…



Gabriel découvre les responsabilités avec beaucoup de plaisir. Il s'occupe des poules. Tous les matins, il va leur ouvrir pour qu'elles passent la journée dehors. Tous les soirs, il les rentre pour qu'elles passent la nuit en sécurité. Il coupe du bois pour le feu et sa technique à la hache s'améliore de semaine en semaine. Gab nous confirme qu'il se sent libre dans cette vie, il apprécie qu'on lui fasse confiance. Cuisiner des biscuits, grimper aux arbres, peindre, jouer avec les chiens, discuter avec lui-même dans le jardin, dévaler le flanc de colline à vélo ou en chariot sont autant d'activités qu'il aime entreprendre en toute autonomie.

Tous deux s'améliorent en anglais de manière surprenante. La plupart des mots que Léa utilise sont corrects en non-enseignés par nous. Gabriel mélange anglais, italien, onomatopées et langue des signes. Cela s'avère très efficace. Avec les trois filles, ils se connaissent mieux, ils ont désormais des codes et des jeux bien installés. Ils semblent heureux d'approfondir des amitiés de manière plus fraternelle.

Toute cette collectivité nous enchante, cela semble tellement naturel aujourd'hui. Chacun prend sa place, comme une danse spontanée où l'on pose ses pas dans ceux des autres sans jamais se marcher sur les pieds.


La simplicité de cette vie nous bouleverse autant qu'elle nous comble. Prendre soin des essentiels, le corps et l'esprit. Créer, travailler, chauffer, cuisiner, dessiner, écrire, discuter, échanger, construire, partager,... S'aimer. Puiser dans cette source infinie pour se sentir vivant. Se sentir vivant tout le temps, se sentir auteur de chaque instant. Rien à subir, rien à supporter. Forts de nos choix, assumant chacun d'eux en pleine conscience, on avance dans l'aventure de la vie, main dans la main. On accueille tous les cadeaux qu'elle nous fait, quand bien même ils n'en ont pas la couleur ou l'aspect. Chaque jour nous apprend à accepter ce sur quoi nous n'avons pas de prise, nous aide à prendre les décisions nécessaires, nous invite à admirer sa beauté avec humilité. Si la vie se montre si généreuse, est-ce parce qu'on la regarde droit dans les yeux ? Est-ce parce qu'on la déguste consciemment ? Est-ce parce qu'on la fait vibrer le plus puissamment possible ?

Les relations que nous tissons depuis des semaines sont plus durables et intenses que précédemment. On avait peut-être oublié ce que c'était de rencontrer, avant de partir pour cette aventure. On avait peut-être banalisé le miracle de la connexion nouvelle, de la découverte d'un autre être humain, avec toute son histoire, ses émotions, son parcours de vie. On avait peut-être minimisé ce que l'autre nous offre en se livrant, à quel point il nous transforme, à quel point il nous comble. Si l'on peut s'incliner avec humilité devant de tels cadeaux du destin, si l'on peut marcher le cœur ouvert et l'esprit libre, on ne peut que tomber amoureux de la vie.


Mardi 11 février 2020

J’ai rouvert un portail. Un canal fermé depuis longtemps…

Séance de yoga, activité matinale plutôt habituelle si ce n’est que mon cou est raide ce matin. Je me suis levée courbaturée, tendue dans la nuque. J’atterris donc sur mon matelas avec l’espoir que la demi-heure sera bénéfique et libératrice. Je ne sais pas encore à quel point. La voix du prof de la vidéo emplit la pièce et dès les premiers mouvements je sens mon corps réagir du bout de mes orteils à la pointe de mes cheveux. Une hypersensibilité probablement accentuée par la douleur qui voyage dans ma colonne à chaque changement de position. Je sens le moindre muscle, le moindre tendon réagir, ma peau frissonne et conscientise même le tissus de mes vêtements qui la caresse. Ma respiration est tantôt profonde, tantôt saccadée. Rien ne se passe au niveau mental, tout existe en sensations, en perceptions… puis en émotions. En me relevant d’un étirement, je me campe sur mes deux pieds et je sens une vague me traverser de haut en bas. Les sanglots arrivent soudainement, sans prévenir. Je suis secouée par une émotion à l’état pur. Aucune idée d’où elle vient, de ce qui l’a provoquée ou même si elle m’appartient. A nouveau, rien ne remonte au cerveau, rien à analyser ou à mentaliser. Elle repart comme elle est arrivée et la séance continue…

De cette expérience, je ne garde que la sensibilité. La raideur a disparu tout comme la tristesse. Je reste simplement à fleur de peau. Je souhaite conserver cette sensation, je la chéris même.


J’ai rouvert un portail, un canal fermé depuis longtemps, par la peur, par le conditionnement. Il s’appelle empathie, il s’appelle compassion. Je l’ai appelé. Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que je l’avais occulté de tout un tas de peurs et de croyances, il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il était actif autrefois, chez chacun d’entre nous d’ailleurs. L’ouverture sur le monde n’est pas quelque chose qui s’apprend ou se découvre, c’est inné. Nous naissons en conscience, nous arrivons sur terre emprunts de la sagesse universelle. C’est après que l’on s’en détourne. Trop de distractions, de directions, de consignes, de jugements, … On s’y perd par besoin de conformité et d’intégration. Mais un jour… On s’épluche, on se met à nu et on se retrouve. Ou plutôt on retrouve le monde entier.

J’ai rouvert un portail et j’en balaye l’entrée avec ardeur désormais.


Lundi 27 février 2020

Nous avons pris une décision importante. Pas en un jour, pas en une semaine, mais tout doucement, lentement, elle s'est incrustée en nous comme une petite graine qui germe et qui pousse pour s'épanouir au soleil. Nous avons décidé de poser nos valises ici, à GrandMaa, pour une durée indéterminée. Pas d'adieu au voyage, pas d'adieu à notre terre d'origine, simplement une nouvelle aventure qui commence où l'on s'investit plus intensément dans un projet de vie en auto-suffisance. Faire pousser notre nourriture, ne pas dépendre de l'approvisionnement en eau et en électricité fourni par l'état, participer à une vie communautaire qui s'organise et crée ses propres rituels et institutions. On en rêve depuis longtemps, ceux qui nous connaissent bien le savent déjà, et la voilà qui s'offre à nous cette vie simple et essentielle.


Vendredi 6 mars 2020

Il a neigé cette nuit. Doucement, régulièrement. Une couche givrée s'est déposée sur le paysage. Les branches des arbres nus sont habillées de fines lignes blanches, leur contour immaculé se dessine dans la lumière du matin. Puis le ciel se pare des couleurs chaudes de l'aube et ces fantômes blancs se transforment en s'habillant de toutes les couleurs que le soleil qui se lève voudra bien leur donner. Plus tard, alors que notre astre préféré aura grimpé son échelle imaginaire, il fera lentement fondre la fine couche neigeuse de la forêt. Phénomène hors du commun, cette fonte prendra l'allure d'une pluie terrestre. Rien ne tombe du ciel et pourtant il pleut entre les arbres…

Vendredi 20 mars 2020

À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous nous savons extrêmement privilégiés vus les conditions actuelles. Bien à l'écart de la furie virale, la montagne, les forêts et les rivières sont à nous. La ribambelle d'enfants s'amuse à créer des pièces de théâtre, peindre, faire de la musique, escalader les rochers ou rêver allongés dans l'herbe. Nous dégustons encore davantage nos moments de jardinage, promenade, cuisine et papote autour des sujets d'actualité. Et comme beaucoup aujourd'hui, nous voilà emplis de questions, de doutes, de suspicions et d'hypothèses.

Dans le nord de l'Italie, nous avons été les premiers européens touchés. Un virus invisible, sélectif, dangereux ou pas… Personne ne le sait. Les informations se sont bousculées, trop nombreuses, souvent contradictoires. Dans un premier temps, tout ce que les médias et le gouvernement annonçait paraissait très irréel au vu de ce que l'on constatait au quotidien. Des magasins dévalisés ? Pas les nôtres en tous cas. Des gens qui paniquent ? Ils se cachent bien on dirait. Des hôpitaux qui croulent sous les morts ? Aucun de la région (pourtant déclarée en zone rouge) ne dénombrait le moindre cas. Rubay a alors contacté toutes ses connaissances italiennes, de Milan à Venise en passant par la terrible Lombardie. Personne ne venait ajouter de l'eau au moulin de la terreur médiatique pourtant décrite. Mais où est-il ce virus alors ?

Entre temps, l'épidémie semble se disperser dans les pays voisins. Les premiers cas sont annoncés en France, en Belgique, en Espagne… Le nord de l'Afrique se trouve touché à son tour. Plus on en discute, moins l'on comprend les mesures prises. Tous les deux jours, une nouvelle directive arrive, après la fermeture des écoles viennent les lieux de loisirs et l'interdiction des grands rassemblements. Certaines entreprises considérées comme "non-essentielles" sont invitées à fermer leurs portes et à mettre leur personnel en congé. Des petits indépendants qui ne peuvent plus proposer leurs services aux commerces de seconde nécessité, tous se retrouvent sans rentrées d'argent. C'est alors qu'on commence à sentir l'inquiétude monter… Mais qu'en sera-t-il des retombées économiques ? Comment les gens vont-ils payer leur loyer ? Au magasin, toujours pas de files ou de rayons vides. À la pharmacie, toujours pas de masques ou de gels en rupture de stock. À la libraire, les jeunes comme les vieux continuent à jouer à la loterie et à discuter autour d'un café. Il semble que seuls les sujets de discussions aient changé.

Puis le couperet tombe, c'est le confinement pour tous. Seuls les forces de polices, le personnel médical et les employés de magasins alimentaires sont autorisés à circuler. Les autres ne peuvent quitter leur domicile que pour s'approvisionner et ce dans le magasin le plus proche. Mais que se passe-t-il que nous ne voyons pas ? Quelle est cette urgence qui semble frémir dans les hautes sphères et qui touche un peuple de plus en plus démuni et mal informé ? Alors on cherche… dans les médias les plus indépendants. Et on en apprend des vertes et des pas mûres ! Le monde économique était au bord de la rupture et n'attendait qu'une étincelle, les gouvernements en profitent pour faire passer des lois dont le peuple ne veut pas voire même certaines contre lesquelles des milliers de gilets jaunes et autres activistes se battaient depuis des mois. Les plus riches de notre planète ont récupéré leurs investissements juste à temps, vendant leurs actifs juste avant l'effondrement des bourses, poussant ainsi les derniers remparts qui tenaient fébrilement l'économie mondiale dans le vide. Nous savons que nous ne comprenons pas tout, qu'il est impossible à notre échelle d'avoir une vue globale, mais quand on sait aujourd'hui qui va trinquer, la pilule est rude à digérer. Va-t-on devoir travailler encore plus pour gagner encore moins ? Comme après la crise de 2008, les coupes budgétaires vont-elles encore affaiblir davantage le monde médical ? L'éducation ? Les aides sociales ? Qui va pouvoir se dresser contre cette implacable machinerie capitaliste ?

Et puis après avoir creusé en amont, on observe ce qui se passe en aval. Nous pensons à toutes les personnes à risque au regard de ce virus, qui inondées par les informations doivent voir leur anxiété grandir de jour en jour. Nous pensons à tous les enfants confinés en appartements, les personnes âgées déjà si isolées qui le sont davantage encore. Nous savons de source sûre qu'en maison de repos, si un résident présente des symptômes se rapprochant potentiellement de ceux que l'on craint aujourd'hui, sa quarantaine ne s'applique pas qu'aux visiteurs mais aussi au personnel soignant. Qu'en est-il alors des pleurs non consolés de ces personnes qui n'ont plus aucun contact humain ? Qu'en est-il de toutes ces personnes en fin de vie qui ne peuvent plus recevoir de visites quel que soit leur mal et qui vont mourir seules ?

Nous savons aussi de source sûre que certains indépendants n'ont plus aucun revenu malgré un loyer et des besoins élémentaires payants ? Qu'en est-il de l'angoisse de ces gens là ? A-t-on, à l'heure où les seuls chiffres médicaux qui comptent sont ceux mis à jour quotidiennement du nombre de personnes infectées, une idée du nombre de personnes qui développent de tout nouveaux symptômes d'anxiété, de dépression et des conséquences de ces maladies là dans un futur tout aussi proche ? Il n'y a pas une mort plus acceptable qu'une autre, c'est évident, mais si l'on met dans la balance le désespoir des personnes affaiblies au regard des victimes du virus, a-t-on la moindre idée de la réaction en chaîne que tout ceci va provoquer ? Ne serions-nous pas en train de nous tirer une balle dans le pied ? Ne serions-nous pas en train de faire pire que mieux ?

Surtout quand on apprend que cette fameuse quarantaine ne s'applique finalement pas à tous, notre voisin continue à devoir aller travailler à l'usine où ils s'entassent par centaines sans respecter le moins du monde une distance de sécurité. Mais cette usine fait partie d'une grosse multinationale, voyez-vous. On ne peut décemment pas arrêter la mondialisation !

S'ajoute à cette révolte le fait qu'un certain pourcentage des chiffres d'infection du virus est pure spéculation. Dans de nombreux pays, depuis mi-février, n'importe quelle personne déclarant l'un des symptômes cités est ajoutée aux statistiques sans le moindre test (en pénurie eux aussi). N'importe quelle personne en stade terminal d'une maladie incurable qui développerait un rhume avant de succomber est également ajoutée aux statistiques. N'importe quelle personne appelant le numéro d'urgence de son pays et annonçant de la fièvre est également comptée dans ces fameux chiffres qui font trembler les plus inquiets. Y a-t-il vraiment raison de mettre les gens dans de telles conditions ?

Impossible pour finir de ne pas mettre en avant les dizaines d'initiatives magnifiques que cette ambiance toxique fait naître. Des jeunes qui font des toutes boîtes en proposant leur aide dans les villes, des enfants qui peignent des messages d'espoir sur leurs façades pour rester connectés, des particuliers qui partagent leur toit, leur temps, leurs compétences gratuitement pour endiguer l'angoisse et le vide que ce confinement provoque… À l'heure où le krash est à nos portes, où la crise sanitaire bat son plein, c'est à nous de choisir la réaction que nous aurons.

Nous choisissons de voir cette invraisemblable situation comme une opportunité. Nous choisissons de voter pour la relocalisation des ressources, pour les commerces et services de proximité. Nous choisissons d'ouvrir nos portes et nos cœurs à tous ceux qui en auront besoin. Où que vous soyez, joignez le chant/champ énergétique de l'amour et de la confiance. Éloignez-vous des médias, de la société de consommation, des politiques alarmistes, racistes et austères. Choisissez la confiance, choisissez l'amour. Sans jugement pour ceux qui succombent à l'angoisse et à la peur, tendez leur la main. Nous avons le choix, tous autant que nous sommes, de changer nos perspectives, de changer notre regard sur l'humanité, de reconsidérer ce que nous voulons pour nos vies. Nous n'avons pas besoin de nouveaux smartphones, de la dernière télévision ou du dernier mixer, nous n'en avons pas BESOIN. Nous avons besoin d'amour, de créativité, de sérénité et cette course à la consommation ne nous apporte rien de tout cela. Cela ne fait que nous aveugler. Puisse ces temps difficile nous apporter cette clairvoyance. Alors prenons exemple sur les messages peints par les enfants, ayons confiance que nous sommes assez forts pour encaisser le choc et assez sages pour ne pas se dresser les uns contre les autres mais plutôt contre ceux qui tenteront de profiter de la situation.

À tous nos chers lecteurs, sachez que l'on vous aime, que vous puissiez à cet instant précis le sentir au plus profond de vous. Prenez soin de vous et soyez sûrs qu'on en fait autant.


Lundi 23 mars 2020

La vérité c'est que peu importe à quel point vous y croyez, peu importe à quel point votre foi en l'Homme est forte, cela compte. Toute pensée emplie de confiance et d'espoir importe. Toute projection d'un futur plus juste, d'une société plus inclusive ou d'une philosophie de vie plus positive fait la différence. Il est facile de céder au fatalisme et à l'immobilité. Il faut énormément d'inconfort pour convaincre l'être humain qu'un changement est nécessaire. Il faut empiéter beaucoup sur ses droits et sa liberté pour qu'il finisse par s'opposer. Et il faut que cet irrespect soit franc et soudain, car si les restrictions et contraintes s'installent doucement, l'air de rien, avec des raisons valables même si elles sont éphémères, alors il en faudra encore davantage. Jusqu'où allons nous accepter que d'autres décident pour nous ? À quel point pourrons nous aller dans la délégation de nos opinions ? Car un jour, quel que soit notre âge, notre couleur de peau ou notre opinion politique, nous réaffirmerons nos droits et nous reprendrons le contrôle de nos vies. Elles nous appartiennent pleinement. Nous avons le droit et le choix de nos destins, dès aujourd'hui.


Dimanche 29 mars 2020

Beaucoup de voix s'élèvent pour le moment. Ces voix parlent tant que je me demande qui écouter, qui croire, qui sait. Des analyses médicales, sociales, économiques. Des hypothèses et des théories, des suspicions et des accusations.

Que faire de tout ce bruit ?

Je me rappelle de ce que l'on m'a appris, de ce que j'ai enseigné avec conviction à mon tour ; faire fonctionner son esprit critique. Il n'y a aucune situation qui devrait l'arrêter. Ne pas prendre toute information comme vérité. Pour plusieurs raisons, tout d'abord parce que personne ne l'a détient vraiment, personne n'a toutes les cartes en main donc sans vue d'ensemble, on ne peut décemment affirmer que l'on détient la vérité. Ensuite parce que je ne connais pas personnellement toutes ces voix, je ne peux garantir leur intégrité ou leurs bonnes intentions. Je ne veux ni tomber dans la méfiance extrême, ni être un mouton qui gobe toute l'herbe qu'on lui donne. Que faire alors ? Pour l'instant je tente de faire confiance à mon instinct, à ma logique et à mes émotions. Sans me laisser submerger par ces dernières, elles sont un bon indicateur de ce qui se passe à l'intérieur et à l'extérieur.

Je ressens de l'inquiétude… pour tous les gens en confinement qui n'ont pas l'environnement aimant que j'ai la chance d'avoir, les femmes battues et les enfants abusés qui sont laissés à leur sort.

Je ressens de la tristesse pour toutes ces familles qui ne peuvent rejoindre leurs proches, pour ceux qui meurent seuls de toutes sortes de maladies ou d'accidents.

Je ressens de la colère, envers ceux qui osent dire que “nous sommes en guerre contre un ennemi invisible”, comment peut-on décemment énoncer un tel non-sens ? D’abord parce qu’un virus n’est pas un ennemi, ce n’est même pas vivant. Nous vivons en symbiose avec des millions d’entre eux, ils font partie de nous, ont modifié nos ADN pour faire de nous les êtres forts que nous sommes aujourd’hui. Ensuite parce que nous n’avons absolument pas besoin d’une guerre en ce moment. Ce vocabulaire est anxiogène et déplacé.

Je ressens de l’agacement en lisant cette vague de commentaires du type “arrêtez de tout remettre en question (*le confinement, le virus, …), c’est un manque de respect pour les victimes”. Je trouve injuste de mettre en opposition le questionnement et le respect. Je ne comprends pas en quoi se poser des questions peut-être déplacé ou mal-venu. Depuis quand est-ce une mauvaise démarche, surtout au vu des évènements que nous vivons.

Je ressens du dégoût, pour tout ce déferlement médiatique ahurissant, abrutissant, affaiblissant et proprement scandaleux. Alors que les principaux sujets tournent autour de la mortalité, de la crise, du danger, des restrictions, des interdits, où sont les messages réconfortants ? Pourquoi la priorité n’est-elle pas mise sur les meilleurs moyens d’encourager notre système immunitaire, notre créativité, notre sérénité, notre joie ?

Je ressens de la compassion, pour tous ceux qui ont peur, pour tous ceux qui ne voient pas encore le bon que tout ceci pourrait aussi nous apporter, pour ceux qui ont tout perdu dans ce balayement économique.

Je ressens de l’espoir, pour l’éveil des consciences, pour le rayonnement de nos énergies, pour le renforcement de nos convictions et de nos engagements.

Je ressens de l’amour, pour la vie, pour mes proches, pour tous les êtres vivants qui méritent tous une vie libre et heureuse.

Je ressens de la gratitude… car la vie a l’incroyable tendance à nous apporter ce dont nous avons besoin, épreuves et cadeaux. On en ressort plus fort et encore plus reconnaissant.


Lundi 30 mars 2020

Le monde est malade. On ne sait pas trop quelle est cette maladie, elle porte sans doute plusieurs noms. Elle s’appelle la peur, elle s’appelle l’individualisme, elle s’appelle la consommation, elle s’appelle l’extinction de l’esprit critique. La bonne nouvelle, c’est qu’on en a le remède. Il porte aussi plusieurs noms. Il s’appelle méditation, il s’appelle solidarité, il s’appelle réflexion, il s’appelle confiance, il s’appelle connexion.

Depuis que l’on s’est rappelé que la vie est un grand tout dont nous sommes chacun l’expression singulière, on sait qu’en se guérissant soi-même, on guérit le monde. On sait que nous sommes tous la maladie autant que le remède, que nous sommes tous responsable du mal autant que du bien. En s’éloignant de notre individualité, de nos désirs propres et de nos exigences égocentrées, on peut retrouver la connexion avec la vie. On peut ressentir que le cœur de celle-ci bat en chacun de nous et pour chacun d’entre nous. La vie n’a pas de plan ou de stratégie pour le futur, la nature n’a pas de revanche à prendre ou de ressentiment. Il s’agit d’une source infinie d’amour et de compassion qui rayonne gratuitement, sans interruption, qu’on le veuille ou non. Il s’agit d’un rêve que nous appelons réalité qui n’existe que maintenant, à cette seconde précise. Le passé et le futur n’existent pas, ils ne sont que projection de notre esprit. Seul l’instant présent est. Chaque être vivant qui l’accepte s’autorise à vivre vraiment, à se baigner dans cette source aimante autant qu’il veut. C’est étrange quand on y pense, cela parait tellement évident. Et pourtant notre esprit nous ramène sans cesse à notre réalité… Et ceux qui n’ont pas d’argent, comment vont-ils manger ? Et ceux qui sont maltraités, comment vont-ils s’en sortir ? Et ceux qui sont enfermés, comment vont-ils se libérer ? Ces questions sont une liste de symptômes de la maladie, on peut continuer à se concentrer sur cette dernière mais ce n’est pas comme ça que l’on va se guérir. L’idée que le mal qui nous gangrène ne dépend que de nous est un gros morceau à avaler, certes, mais c’est en l’acceptant que l’on pourra se soigner, ensemble. Pleine conscience, éveil, confiance, compassion, connexion, création… Les portes sont multiples.

Nous ne sommes pas un corps, nous ne sommes pas un nom, un métier, une personnalité. Nous sommes avant tout une conscience. Une conscience qui vit l’expérience terrestre à travers un corps, un nom, un métier, une personnalité. Ces derniers ne sont que des outils qui nous permettent de percevoir et d’habiter notre réalité, mais ils ne nous définissent pas. D’ailleurs, ils ont une fin, une limite là où notre conscience n’en a aucune. Il n’y a pas de limite dans l’amour que l’on peut donner, dans la créativité que l’on peut exprimer, dans la compassion que l’on peut ressentir et par-dessus tout dans la puissance de positivité que l’on peut diffuser.

A vous qui doutez, qui stressez, qui cherchez, qui maltraitez, qui empoisonnez, qui pleurez, qui désespérez… Je vous envoie tout mon amour, toute ma confiance que vous trouverez votre chemin.



Mercredi 15 avril 2020

Le paradis n'est pas un endroit,

Le paradis est une sensation.


Il n'a pas de portail ou d'entrée,

Il n'a pas de règles ou de limites.


Le paradis est une source infinie, universelle et indépendante,

Il n'a pas besoin que l'on croit en lui.


Le paradis existe partout, pour tous,

Chacun peut s'y trouver, quand il/elle est prêt.e.





C'est ici que se clôture ce très long post. J'ai mis du temps à cliquer sur "publier", sachez-le. Peur de décevoir, de choquer, de convaincre, de déplaire, d'ennuyer ou d'agacer.

Et puis je me suis relue et je me suis rappelée que je n'ai pas à revendiquer ces écrits, ils ne sont pas 'moi', ils ne sont même pas miens. Ils sont simplement. L'expression de ce qui bouillonnait à l'intérieur, que ce soit positif ou pas. Alors qu'ils plaisent ou non n'a pas tellement d'importance car ce n'est pas pour cela que l'on partage. On partage parce que cela fait du bien de se connecter, de se toucher du bout du doigt, même au travers de mots.

Alors j'espère que vous pouvez sentir ma plume vous caresser la joue...


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